Réponse au courrier de lecteur de monsieur Rémy Robin paru dans le Quotidien jurassien( cliquez ici)
Ce qu’il y a de franchement désopilant dans cette crise, c’est qu’elle nous permet d’assister à la grande convergence de tous les estropiés de la raison. Entre les humoristes d’ordinaire si prompts à se draper dans les atours de la transgression à peu de frais qui se mettent tous soudainement à réciter le même évangile covidien bon chic, bon genre, les journalistes acharnés à traquer les réflexes d’extrême droite des opposants aux mesures sanitaires tout en se muant en ségrégationnistes militants pour lesquels les régimes totalitaires du XXe siècle ont toujours eu un petit faible, les auteurs de courriers de lecteurs qui rivalisent d’ingéniosité pour trouver la situation parfaitement conforme à leurs aspirations de liberté et de responsabilité on a vraiment de quoi rire au quotidien des macérations cérébrales issues de cette nouvelle cour des miracles. Chaque jour nous réserve de nouvelles envolées lyriques qui nous laissent le souffle court. C’est ainsi que je vous propose pour aujourd’hui la prose de Remy Rubin qui trouve parfaitement légitime de comparer le pass sanitaire au permis de conduire. Ben ouais quoi, entend-on des personnes manifester contre le permis de conduire qui est pourtant une sérieuse entrave à la liberté de déplacement ??? Au moins avec lui les choses sont claires, le pass est bel et bien un permis de vivre en société et c’est tout à fait normal. Pendant des siècles, les hommes s’en sont passés, mais le Covid a enfin mis un terme à cette incongruité. Notre auteur va même jusqu’à en appeler au témoignage des femmes afghanes, suggérant que les Afghanes se réjouiraient, elles, de pouvoir se faire injecter n’importe quel truc dans le corps si cela leur permettait de pouvoir fissa se précipiter au théâtre ou au restaurant. L’âme des femmes afghanes semble n’avoir donc pas plus de secrets pour notre auteur que pour les Talibans.
Et pour cause, notre homme s’y connait en spiritualité, doté qu’il est d’un sixième sens pour repérer les gourous. Ainsi, à le suivre, la communauté scientifique serait unanime, rangée en rang d’oignon derrière le narratif catastrophiste qui fait du vaccin notre sauveur à tous quand les réseaux sociaux ne relayeraient, eux, que de vulgaires gourous. Gourous donc les Bhakdi, les Henrion-Claude, les Montagnier, les McCullough, les Malone, les Young, les Péronne, les Yeadon, les Raoult, les Vanden Bossch, les Schirmacher, les de Brouwer, et cetera, et cetera.
La fin est du même tonneau. Les opposants aux mesures sont des vulgaires égoïstes ne pensant qu’à leur petite personne, nous explique-t-il. Evidemment, puisque leur égoïsme est à ce point manifeste qu’ils se privent désormais de nombreux avantages de la vie en société et qu’ils prennent sur leur temps de travail, de loisir, de sommeil pour s’instruire, prendre la mesure des horreurs que génèrent pour tout le corps social le cortège des mesures sanitaires et pour tenter d’en avertir leurs contemporains. Bravo monsieur Rubin, un parfait sans faute! Vous méritez votre quart d’heure humoristique sur la RTS ou votre pleine page dans le Temps.
